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Grèce : grande productrice d’huile d’olive… mais tous les Grecs en profitent ils vraiment ?

La Grèce, un géant de l’huile d’olive

Quand on pense à la Grèce, on imagine vite des plages de carte postale, des maisons blanches et bleues, et… de l’huile d’olive à profusion.

Avec près de 300 000 tonnes produites chaque année, la Grèce se classe parmi les plus grands producteurs mondiaux.

Et pas n’importe quelle huile : majoritairement la fameuse Extra Vierge, issue notamment de la variété Koroneiki, réputée pour sa qualité et son goût fruité.

Alors forcément, on se dit que tous les Grecs doivent s’en régaler à volonté… Oui, mais pas tout à fait.

Deux Grèces de l’huile d’olive

En réalité, il y a deux mondes :

Le monde rural

Celui des villages, des oliveraies familiales, des moulins de quartier.
Ici, beaucoup produisent leur propre huile ou en reçoivent d’un parent. 

Résultat : consommation généreuse, parfois plusieurs dizaines de litres par an et par personne, sans jamais passer à la caisse.
Eux, on peut dire qu’ils la gaspillent parfois : une huile de grande qualité utilisée pour faire des frites… puis jetée après cuisson.

Le monde urbain

Athènes, Thessalonique, Patras… Ici, pour beaucoup, l’huile d’olive vient du supermarché. Et là, surprise : l’huile qu’on y trouve est souvent bas de gamme, parfois même pas extra vierge, mais vendue comme « huile d’olive » à prix cassé.

Le paradoxe grec : produire le meilleur, consommer le pire

Pourquoi une telle différence ?

  • Parce que 50 à 60 % de la production grecque part directement à l’exportation, souvent en vrac. L’Italie, par exemple, en achète des quantités énormes… pour la revendre ensuite sous ses propres marques.
  • Parce que les producteurs grecs savent que le marché étranger paie mieux et plus vite.
    En Grèce, les paiements tardent, parfois de plusieurs mois. Les faillites sont fréquentes, et même l’État met du temps à régler ses factures.
    À l’export, c’est simple : contrat signé, argent reçu, risque limité.

L’huile au marché noir : un sport national

Pendant la récolte (novembre à janvier), un phénomène quasi folklorique se met en place : des milliers de bidons de 17 litres circulent discrètement dans toute la Grèce, direction les grandes villes.

Familles, amis, collègues… tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui « a de la bonne huile ». Une transaction rapide, sans facture, sans étiquette – et parfois directement depuis le coffre d’une voiture. 

C’est la garantie d’avoir de la qualité… mais cela reste hors du circuit officiel. Il n’existe aucun chiffre précis : c’est le brouillard le plus complet.

Et pour le consommateur grec lambda ?

 Pour un citadin sans lien avec le monde rural, acheter une bonne huile extra vierge certifiée (Koroneiki ou Kalamata) signifie souvent payer aussi cher qu’en France, voire plus.

Tout le monde n’en a pas les moyens. Résultat : une grande partie de la population se tourne vers l’huile la moins chère du rayon.

Souvent, il ne s’agit même pas de l’extra vierge : du simple vierge, mais aussi des huiles raffinées, huiles de grignons d’olive… des qualités qu’aucun supermarché français n’oserait proposer à ses clients, mais qui en Grèce sont monnaie courante !

Un paradoxe bien grec

Dans le même pays, côte à côte :

  • Le monde rural, qui utilise la Koroneiki — l’une des meilleures huiles au monde — pour frire des pommes de terre avant de jeter l’huile…
  • Et les citadins, qui se contentent d’huiles médiocres faute de moyens.
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